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«Rainwalker» le premier EP de Quint est le début d’une nouvelle route sonore, un virage, une mutation préméditée de longue date. C’est la nouvelle peau musicale de cet artiste polymorphe insatiable, tour à tour compositeur, chanteur, acteur, scénographe, manipulateur, metteur en scène, danseur mais toujours musicien. Quint (aka Quentin Ogier) étudie la musique au conservatoire puis le chant. Au théâtre, il est élève de Niels Arestrup, en danse de Karin Waehner, Barbara Pearce, George Appaix… Quint enfant dort peu. Ballotté par ses parents musiciens de clubs de free jazz en concerts de musique minimaliste ou de chanson Rive Gauche, il s’endort le plus souvent dans le coin enfumé d’une salle de spectacle, bercé par les sons abruptes d’improvisateurs sans tabous. Les mélodies de Peter Gabriel ou de Michael Jackson que diffuse en boucle son casque de walkman se mélangent avec les sons free environnants. Le goût du grand écart naît. Une oreille sur Steve Reich l’autre sur Al Jarreau… Plus tard, il passe des heures à frapper les peaux caoutchouteuses et insonores d’une batterie muette… Il est forcé d’imaginer les sons pourtant le rythme rentre. Il abreuve ses amis d’onomatopées anglophones et de tapotements percussifs. Le soir il compose de la musique sur des machines… Le matin le réveil est dur, il part en tournage… Acteur il tourne pour de nombreux réalisateurs, Tavernier, Rappeneau, Féret, Doillon… Tour à tour mitron dans Cyrano de Bergerac, compagnon d’arme de Jeanne d’Arc pour Rivette et 10 ans plus tard pour Luc Besson. Il est Patrick Henry, le tueur, puis un Fouché bien plus sanguinaire encore pour J. D. Verhaeghe. De nombreux jours sur les plateaux de tournage forgent son amour du cinéma. Au théâtre, il dit Duras, Jacques Rebotier ou chante Piaf, autre vie parallèle… Le soir il compose de la musique sur des machines… Il dirige avec ses parents la compagnie Au Cul du Loup qui joue dans le monde entier un théâtre musical et chorégraphique créé autour de scénographies sonores inédites. Australie, Etats-Unis, Mexique, Russie, Angleterre, Allemagne, Finlande, Espagne, Italie… Les tournées s’enchainent. Le soir il compose sur des machines… Son style musical se construit au gré des autres arts qu’il pratique. La musique de Quint est cinématographique, mélodique, parfois orchestrale, parfois plus dénudée, elle laisse émerger des couleurs pop, pointer des textures électro. Sa voix envoûtante s’y pose. Sa musique est immersive, on s’y plonge. On s’imagine dans un paysage matinal envahi par la brume… Sous le métro aérien de Brooklyn… En pleine mer ou encore dans les nuances de gris d’une peinture abstraite…

©photo Nicolas Guiraud